Hier soir en rentrant du concert de Cheveu au Point FMR, j’ai dépiauté les flyers distribués dans la soirée, et, ô émoi, je suis tombée sur le logo de Sound Of Violence. C’est la première fois que je le vois imprimé. Ça m’a fait tout chaud au cœur.
Je sais que je donne l’air, comme ça, de ne rien faire en ce moment. Alors que pas du tout! Je travaille actuellement sur le futur branding de Béatrice Reiser, naturopathe de son état.
Parallèlement, je cherche du travail de lundi 09h45 à vendredi 16h30 (ça c’est au cas où mon conseiller Pôle Emploi ne tombe sur ses lignes). Bon okééé, je cherche du travail, mais plutôt entre 10h15 et 15h45, j’avoue. Quand je ne suis pas bénévole auprès des Particuliers N’Ayant Aucune Culture Graphique (ONG reconnue d’utilité publique), j’imagine des projets graphiques en rapport avec mon péché mignon transports à Paris : le vélib (en cours d’élaboration). Je bosse encore un petit peu pour Sound Of Violence et ça c’est cool. Dans cet agenda de Ministre des Affaires Trépidantes, j’ai eu le temps de caser un faire part de mariage, un faire part de naissance et une carte d’anniversaire, de faire mon portfolio en ligne, de planifier des entretiens-réseau, d’aller au ciné, de rebloguer, de faire mes devoirs de japonais, d’écouter un peu de musique fraîche et moins fraîche, de me balader, de mater Karambolage. Par contre j’ai visiblement oublier de faire les courses. Je ne peux pas être parfaite, il m’arrive parfois d’être comme vous.
Chaque jour depuis que je l’ai rencontré, je veux crier tout l’amour que j’ai pour lui sur tous les toits.
Je suis tombée dessus il y a quelques mois chez Artazart. Je n’ai pas pu résister. Il me satisfait sur le plan intellectuel, culturel et physique.
Il y a 2 techniques officielles pour le remplir :
Technique n°1: on prend un soin infini à la tâche. On commence une liste réfléchie et basée sur de multiples écoutes et réécoutes des morceaux soumis à l’examen (morceaux qui figurent déjà très certainement dans un répertoire appelé Soundtrack of my life ou quelque chose comme ça). On note au crayon de papier dans un premier temps, puis une fois qu’on est sûr à 100%, au moment d’inscrire ce choix dans le marbre de notre vie musicale, on prend un stylo, et, de sa plus belle plume, on inscrit le nom du digne groupe/album/artiste/etc. qui se voit accorder un hommage sans comparaison : celui de figurer sur LA liste.
Technique n°2 : le craquage à coup de style feutre et de ratures, rayures, barrages, réécriture par dessus, avec des fautes dans les noms de groupes (je mets « the » ou pas?), dans les dates : rock’n’roll!
J’ai testé pour vous la technique n°1. Avant de décider que c’était trop long et de craquer pour la 2, avec une once de regret… ce qui m’a amenée à créer la technique n°3 (haha!) : on se fait des listes numériques. Sous excel ou word, mais moi j’ai choisi le html + css. Parce qu’à ce moment-là j’apprenais les formats de listes (ul, li, tout ça…) et que ça tombait à point nommé pour me faire la main. Autant joindre l’utile à l’agréable.
Certes, c’est un peu de la triche, ça ne respecte pas vraiment le principe de la réflexion qui précède la rédaction de la liste. La maîtrise des listes est un art qui se perd. Bref.
Pour en revenir à Music Listography: Your life in (play)list, je disais donc être comblée. Déjà parce que les listes proposées, plus de 60 comprenant chacun 20 lignes, sont un subtil mélange
de grands classiques pour quiconque est amoureux de musique (chansons pour votre enterrement, meilleures pochettes d’album, artistes qui joueraient à votre festival idéal);
de bonnes références culturelles (passages musicaux préférés dans les films, meilleures B.O., vos icônes mode favorites dans la musique, meilleurs clips, moments que vous n’oublierez jamais dans l’histoire de la musique);
de madeleine de Proust (premiers albums achetés, ce qu’écoutaient vos parents quand vous étiez petit, vos chansons du lycée, vos noms de groupes réels ou fictifs, les amis avec qui vous jouiez de la musique, une chanson qui vous rappelle chacun de vos amours);
et de bonnes grosses colles et autres pistes d’investigation (les genres à explorer un jour, les chansons qui font référence à vos origines, les chansons sur lesquelles vous feriez un strip tease, les paroles de chansons qui vous servent de conseil, les artistes pour lesquels vous auriez été volontiers choriste ou danseur, vos découvertes musicales les plus obscures).
De plus, le livre n’est pas qu’un objet de désir intellectuello-branchouillo-indie-musical. Il est aussi très beau (il y a même un marque-page cousu au livre), grâce au travail d’illustration de Michael Gillette. Il s’est particulièrement appliqué à reproduire des détails de ses propres souvenirs.
T. Rex, Electric Warrior
My Bloody Valentine, Loveless
Tout ceci me permet d’affirmer que : OUI, la playlist est un art à part entière, une discipline qui requiert une grande minutie. Je sais qu’on pourrait me prendre pour une folle mais il me suffit de repenser au film/livre High Fidelity et je me sens moins seule.
J’ai commencé à le remplir sérieusement, et certaines listes avancent même plutôt bien tandis que d’autres sont désertiques.
Listez les meilleures pochettes d'album jamais créées. Typiquement le genre de liste qui me terrasse : trop de possibilités, trop de choix cornéliens qui remettraient en question les bases fondamentales de mon moi! D'où la page blanche.
Certains trouveront l’exercice trop fastidieux, mais perso c’est maintenant que le plaisir commence. Le plaisir d’écouter les chansons autrement, en se disant « tiens celle-là je vais la mettre dans telle liste », de redécouvrir certaines chansons qui prennent une coloration nouvelle dans le spectre des souvenirs… La joie la plus grande réside dans le fait qu’il est difficile, voir impossible, de terminer une liste, ce qui signifie qu’on a encore des tonnes de chansons à écouter, à découvrir, à apprécier, des tonnes de concerts à voir, des centaines de paroles à écouter, des heures et des heures de recherche et de découverte de nouveaux sons. On se demande de quoi son futur musical sera fait. Avoir Music Listography: Your life in (play)list pour livre de chevet, c’est la garantie d’une histoire qui ne se terminera jamais.
Listography est maintenant un site où l’on peut partager ses listes, ce qui faisait défaut à mon sens et qui vient tout juste d’être réparé.
Prochaine étape : le cahier de coloriage indie rock, qui comporte lui aussi de bien belles images et fait la part belle aux groupes indés.