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Violence gratuite pour tous

6 Oct

Approchez, approchez ! N’ayez crainte : l’UTLS, il ne faut pas en avoir peur. Derrière cet acronyme se cache une anomalie, une curiosité exotique, une bête de foire qui ne demande qu’à être apprivoisée.

l’UTLS, c’est une initiative :

1. gratuite. Je précise : « gratuite » comme dans « zéro euro ».

2. qui, au lieu de s’arrêter en 2001 comme prévu, fut victime de son succès et perdure donc depuis (à un rythme ralenti par rapport au projet initial. D’une conférence par jour pendant toute l’année 2000 (soit 366 conférences), il est passé au format de « cycles »).

3. dont le fruit est mis à disposition des internautes, gratuitement une fois de plus.

Clique ici si tu veux tout savoir sur l’Université de tous les savoirs !

Du lundi 16 au dimanche 29 septembre s’est donc déroulé le cycle 2013 de l’UTLS, dont le programme placardé dans le métro n’aura pas manqué de mettre la puce à l’oreille des fins limiers que nous sommes.

Le thème : la violence aujourd’hui. Il suffisait pour s’en rendre compte de prêter attention aux 3 « !!! » sur le programme.

Programme : La violence aujourd'hui

Filtre appliqué : effet papier qui a traîné une semaine au fond du sac

L’univers : les couvertures de polars, les scènes de crime, les Esspères, NCIS, tout ça.

Une sale histoire

«Les yeux barrés de noir»

Le lieu du crime : les bancs de l’amphithéâtre Binet de l’université René Descartes

Le modus operandi : c’est la 1ère fois il me semble que l’UTLS communique d’une manière aussi musclée. Ce n’est pas un hasard si, durant les semaines passées, son nom est revenu plusieurs fois dans les conversations. Des témoins ont assuré qu’à la photocopieuse comme au café, on parle des conférences comme d’une potentielle sortie « culturelle » qu’on aimerait se caler sous peu. Et peu importe si ça se termine souvent par « oh non, c’est déjà fini ?! oh dommage, j’aurai trop aimé y alleeeeer ». Mon enquête a conclu que l’effort a fonctionné : encore un coup de la comm’.

Pour les besoins de l’investigation, je me suis donc rendue à l’une des ces conférences. Oui Monsieur, oui Madame !

Le mobile : il faisait pas hyyyper beau ce dimanche là.

Les armes :
– une bonne copine ;
– un bloc-note ;
– un stylo.

Studieuses

Note pour plus tard : penser à ramener une petite bouteille d’eau la prochaine fois. Comment se fait-il qu’on ne trouve pas un seul point d’eau digne de ce nom à l’université René Descartes ? Je suis scandalisée !

Au programme du dimanche 22 septembre : « Juger la violence » et « Violence et humiliation » dont les 63 minutes peuvent être visionnées et téléchargées en cliquant sur le site de l’UTLS.

Les suspects : Paul Valadier (Juger la violence) et Olivier Abel (Violence et humiliation), tous deux philosophes et théologiens.

Gniiiii : je découvre avec joie et précipitation qu’Olivier Abel a partagé l’intégralité de son intervention au format texte. Olivier, si tu m’entends : tu rayonnes à jamais dans mon cœur.

interface de téléchargement de l'UTLS

Mon dévouement ne connaît aucune limite

Les faits : sans rentrer dans les détails, voici les temps forts de chaque conférence :

1/ Si on tente de la définir, la violence est complexe et insaisissable. Elle est ce qui s’oppose à la raison. La refuser c’est retrouver une humanité partagée, qui suppose des valeurs communes. Elle n’épargne aucune institution. On ne doit pas s’appuyer sur les causes pour la justifier. On peut la faire reculer grâce au droit international. Elle exige de rester dans un état de vigilance. En sa présence on ne peut se passer de la prise de position et de la pluralité.

2/ L’humiliation prépare et engendre la violence. Humilier c’est ne pas laisser de contrepouvoir, de moyen à son adversaire de pouvoir se défendre. Elle touche à l’estime de soi et au respect d’autrui.  Elle s’étudie sur la profondeur et l’amplitude. Il serait souhaitable de créer des institutions non humiliantes (suggestion tirée de La société décente d’Avishai Margalit). Elle peut faire partie d’un processus d’intégration dans un groupe. Peut-on punir sans humilier ? L’humilité offrirait une issue à l’humiliation.

La victime : consentante, me plier à cet exercice m’a amusé, diverti et instruit. Ma curiosité est entièrement satisfaite (malgré la soif non étanchée). J’ai été heureuse de partager ce moment avec un groupe d’une 100aine de personnes (moyenne d’âge : 50 ans de plus que ce à quoi je suis habituée). La participation orale des «étudiants» a battu tous les records, on s’arrachait presque le micro. Les gens étaient d’accord, pas d’accord, les questions – comme les réponses – pertinentes et à côté de la plaque.

Note de pied de page, annexe 77 du livre 32 : comprendre la référence au titre de cet article après visionnage de la vidéo ci-dessous.

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Embarquement immédiat pour Tokyo Graphic Passport

2 Oct

Depuis le 23 septembre et ce jusqu’au lundi 03 octobre (demain, donc bon…) se déroule au forum du Centre Pompidou un événement que je ne pouvais absolument pas rater : Tokyo Graphic Passport.

Depuis 2009, le collectif +81 concocte ce rendez-vous entre la scène du graphisme japonais et le reste du monde. TGP (Tokyo Graphic Passport) entend  accroître l’échange interculturel en présentant tout d’abord le travail des graphistes japonais reconnus, et ceux qui gagnent à être connus, mais surtout en proposant des conférences tenues par ses graphistes japonais et des graphistes étrangers. Cette année, TGP démarre à Paris et se prolonge jusqu’à la fin du mois d’octobre, au centre artistique 3331 Arts Chiyoda de Tokyo, son QG.

Si le graphisme japonais veut dialoguer avec moi, je suis toute ouïe. TGP est l’occasion de former son œil, d’étendre ses connaissances en culture graphique et de sortir les 3 mots et demi de japonais que je connais. C’est donc parti mon kiki.

On ne vient pas à TGP  juste pour regarder (d’où la quasi absence d’objets exposés), puisque l’événement se veut un dialogue. Il est donc plus intéressant d’y aller quand il se passe quelque chose, une conférence, un atelier ou les présentations de portfolio des graphistes. En dehors de ces moment-là, il y a peu de choses qui valent le détour à elles-seules. Notons quand même 2 installations remarquables.

L’une d’entre elle est une installation typographique de Semitransparent Design fourbement intitulée no flash photography allowed.

TGP installations

L’installation utilise des cameras conçues pour l’observation astronomique qui fonctionnent avec des temps d’exposition longs afin de révéler ce qui est écrit sur des écrans vidéos. Pour interagir avec l’installation, il faut envoyer son message perso à l’adresse mail ou sur le site de Semitransparent Design et prendre une photo de l’écran sans flash pour récupérer son œuvre typographique. Vous n’avez rien compris? Une vidéo vous explique tout.


Dropclock, de Yugo Nakamura, est un fait un économiseur d’écran avec lequel on ne voit que le temps couler.


Graphiquement parlant, c’est jamais que de l’Helvetica en super slow motion trempé dans de l’eau.

Une autre chose que vous pourrez voir à TGP, ce sont les 15 posters réalisés pour l’occasion.

En plus de les voir, si vous faites une petite donation (environ 2€) à la Croix Rouge qui a installé une cagnotte en soutien au Japon, vous repartirez avec votre affiche préférée. Si comme moi vous avez un petit cœur tout tendre, vous trouverez que c’est une jolie occasion. Du coup, je suis repartie avec le poster de Kazunari Hattori (le gâteau), mais aussi de Hideki Inaba (Helvetica Burst) et de Issay Kitagawa (Kanpai Circuit) (parce que je suis passée le matin ET l’après-midi) (Non, je me justifie pas).

Vu que j’avais déjà loupé les 2 conférences et les 2 ateliers, il ne me restait plus que les présentations de portfolio des graphistes. C’est à ce moment là que, tel un ninja embusqué,  j’ai pu sortir mes 2 phrases de japonais pour les nuls.


Ibuki Tsuchiya présente son portfolio. A sa gauche, Desegno ltd. présentait sa typo invisible.

CAUTION ECOLO. Les porte-feuilles et autres porte-monnaies de Fuyuki Shimazu alias Snowisland9 pour son projet Carton ont fait un tabac. Si vous lui avez acheté un article, et qu’il s’est détérioré, Fuyuki s’occupe lui même de le réparer, et il explique tout le plaisir qu’il met à la tâche dans Carton Magazine.

CAUTION TYPO. J’ai beaucoup aimé discuté avec Masaya Eiraku, un graphiste qui a insufflé la vie à une typeface combinant hiragana (j’en a déjà parlé) et alphabet latin. Je lui ai piqué un portfolio et j’en ai pris un pour mes petits camarades élèves de japonais à l’AAA et pour montrer à ma petite prof chérie (j’aime bien faire ma fayote de temps en temps). Chaque dessin de caractère hiragana est tracé à l’aide des lettres latines qui transcrivent sa prononciation. L’hiragana ぶ (bu) est dessiné grâce à une série de « bu ». Ingénieux, n’est-ce pas?

CAUTION NIHONGO. (c’est japonais en japonais) J’ai pu discuté avec Miki Nitadori, une photographe installée en France depuis 18 ans. Elle parle donc remarquablement bien français, elle a même tenu un de ses blogs en français. Un jour, je parlerai japonais comme Miki parle français. Elle y présentait des photographies issues notamment de son projet Interface, qui s’interroge sur les origines et les générations et se traduit par des images superposées.

Le listing de tous les graphistes présents se trouve sur le site de TGP.

Petit bonus

J’ai déjà dit que c’est gratuit?