Tag Archives: Ingolstadt

(3 fois 5 = 199 700 euros)²

16 Avr

Le Museum für Konkrete Kunst (Musée Pour l’Art Concret) d’Ingolstadt en Allemagne (en Bavière, sud est) est désormais l’heureux propriétaire de l’œuvre du Suisse Richard Paul Lohse (1902–1988) Fünfzehn systematische Farbreihen in progressiven Horizontalgruppen (Quinze rangées systématiques de couleurs en groupes horizontaux progressifs). Affirmative.

Richard Paul Lohse, Fünfzehn systematische Farbreihen in progressiven Horizontalgruppen, 1950/62 – Huile sur toile, 150×150 cm © kulturstiftung.de

Si on pouvait déjà admirer ce classique de l’Art concret au Musée depuis presque 20 ans (l’œuvre y siégeait en tant que prêt de la Fondation Richard Paul Lohse), ce-dernier en a définitivement fait l’acquisition, et assuré par là-même son statut de haut-lieu de l’art.

L’œuvre-clé n’aurait pas pu rejoindre le catalogue du musée sans la participation financière de 2 institutions : la ville d’Ingolstadt verse à elle seule 83 000 euros, et elle est soutenue par la Kulturstiftung des Länder (Fondation fédérale pour la culture) et de la Fondation Siemens pour l’Art, qui chacune ont déboursé respectivement 50 000 et 66 700 euros.

Qui dit Art concret, dit un peu de mathématiques :

      83 000
+   50 000
+   66 700
____________

=  199 700

Presque 200 000 euros. Aouch.

Le montant de la transaction a fait couler de l’encre de l’autre côté du Rhin, sans que la qualité de l’œuvre ne soit jamais remise en question par ceux qui s’opposaient à son acquisition. C’est plutôt le mode de financement qui a fait grincer les dents. À Ingolstadt, ça ne fait pas plaisir à tout le monde de voir la ville s’acquitter de la somme controversée. Mais l’œuvre se trouvant déjà exposée dans le musée depuis 1994, il est donc assez logique que la décision finale ait été favorable à l’achat.

museum ingolstadt konkrete kunst

L’oeuvre au musée d’Ingolstadt © derbummler.de

Mathématique et logique : 2 mots qui me font d’habitude prendre mes jambes à mon cou. Il y a bien qu’en parlant d’Art concret que je suis encore capable de garder mon sang-froid.

L’œuvre qui a reçu le petit nom de la « Mona Lisa de l’Art concert » est une clé dans la compréhension du mouvement.

Voici une équation simple grâce à laquelle je rend hommage à toutes ces heures passées à essayer de décrypter les énoncés des problèmes de mathématiques lorsque j’étais en CE1 :

SI :

{

Ce qui saute aux yeux c’est l’explosion réjouissante et désordonnée
+    Aucune couleur ne l’emporte sur une autre
+    Le rythme est complètement décalé : il n’y a aucun centre, aucun point où l’œil peut s’accrocher
____________
=    C’est le chaos

}

MAIS :

{

L’ arc-en-ciel est le fruit d’une pensée rigoureuse consistant à répéter de manière systématique et uniforme
+   L’œuvre aurait pu être fabriquée par une machine, et en ça, elle est aussi véritablement concrète
+   Elle fait écho à un monde industriel qui s’oppose au sentimental
____________
=    C’est l’ordre

}

ALORS : il s’agit là d’une œuvre humainement-robot, comme je les aime.

Pour les curieux germanophones, tous les détails dans cet article.

Publicité